Examen final (25% de la note du cours) : à remettre au plus tard le 23 décembre 2020
La qualité de l’expression écrite compte pour 25% de la note.
NB : Cet examen compte trois (3) pages et vous devez répondre à deux (2) questions en tout.
A) Poésie (question obligatoire)
1) Lisez les deux poèmes qui suivent, le premier du 16e siècle, l’autre du 19e, et rédigez une analyse comparative selon les critères suivants :
· Forme : le genre, les strophes, la métrique et les coupes, les rimes (organisation, richesse), les assonances et allitérations, enjambements, images fortes, effets particuliers du rythme, etc.
· Contenu : thème majeur, thèmes secondaires, parties du poème, progression de l’intensité, etc.
Votre réponse doit prendre la forme d’un petit essai (brève introduction, développement, brève conclusion), comme tout ce que nous avons fait cet automne.
Pierre de Ronsard
Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose…
Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’aube de ses pleurs au point du jour l’arrose ;
La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur ;
Mais battue ou de pluie, ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.
Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses.
Charles Baudelaire
À une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?
Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !
Voir la page suivante.
B) Marguerite Duras, Moderato cantabile
Dans la présente section, vous devez choisir une (1) des deux questions et y répondre par un petit essai (brève introduction, développement, brève conclusion). Chaque question est précédée d’un contexte, pour mieux vous situer et/ou vous inspirer. Vous pouvez vous référer aux autres œuvres du cours et aux notions utiles de votre recueil, si cela est nécessaire.
2) Contexte : Dans un article intitulé « Moderato Cantabile de Marguerite Duras : Étude des stratégies d’interaction et des procédés d’argumentation utilisés par l’interlocuteur », Liliane Ayad écrit : « le récit de Moderato Cantabile, se déroulant en quelques jours, à la même heure, dans l’admirable présence du soleil couchant, constitue au fond une représentation aussi intense que vive, d’un adultère virtuel glissant d’une passion fatale, née dans une première rencontre, à la mort ardemment souhaitée. Serait-ce une simple analyse psychologique pareille à celle où excellaient les traditionalistes ? Ou par contre, s’agit-il d’une recherche formelle et technique s’éloignant de toute intrigue à l’exemple des nouveaux romanciers ? Par son récit original, Marguerite Duras s’éloigne en toute évidence de la psychologie traditionnelle trop explicite usant des dialogues et des scènes vécus pour aboutir à des conclusions qui ne seront que suggérées. Ayant allégé l’œuvre de tout ce qui est description, analyse, discours, au profit d’un art souverain de la suggestion, elle en fait une pièce d’art unique. Mais, il reste à souligner que si elle participe au renouvellement du roman, elle refuse de se plier aux tendances strictement formelles, en vogue lors de la publication de l’œuvre. Par le déroulement linéaire, l’intrigue cohérente et simple, la progression naturelle de la narration, son récit, loin de déconcerter le lecteur, l’entraîne sans peine, à déceler son contenu humain » (Applied Semiotics / Sémiotique appliquée 4: 11/12 (2002) : 215).
En vous inspirant de ces observations (que vous pouvez approuver ou contredire), décrivez par quels procédés Duras met en scène le désir qui se développe entre Anne et Chauvin. Donnez des exemples !
3) Contexte : À la publication de Moderato cantabile de Marguerite Duras, un critique y a perçu « une voix nouvelle » (Moderato cantabile, p. 127), alors qu’un autre y voyait aussi un « étouffant univers » (p. 129). Le moins que l’on puisse dire au sujet de cette œuvre, qui s’inscrit dans le courant français du Nouveau Roman, c’est qu’elle est ouverte à de nombreuses interprétations, et ce, malgré son apparente simplicité et l’absence de tout psychologisme. Bref, nous sommes loin du roman balzacien et de son narrateur omniscient !
En analysant un passage de votre choix, montrez comment Duras renseigne (quoique très peu) le lecteur sur l’histoire qui se déroule, sur les personnages, etc., et commentez les effets produits. Pour vous aider, si vous en avez besoin, dites en quoi la narration de Duras diffère de celle de Balzac, par exemple.